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suite ? quoi de plus douteux que sa nécessité et sa permanence future ? N’est-il pas probable qu’elle n’est qu’un échelon dans la carrière sociale ? Si elle a été précédée de trois autres sociétés, la Sauvagerie, le Patriarcat et la Barbarie, s’ensuit-il qu’elle sera la dernière parce qu’elle est la quatrième ? n’en pourra-t-il pas naître encore d’autres, et ne verrons-nous pas un cinquième, un sixième, un septième Ordre social qui seront peut-être moins désastreux que la Civilisation, et qui sont restés inconnus parce qu’on n’a jamais cherché à les découvrir ? Il faut donc appliquer le Doute à la Civilisation, douter de sa nécessité, de son excellence et de sa permanence. Ce sont là des problèmes que les philosophes n’osent pas se proposer, parce qu’en suspectant la Civilisation ils feraient planer le soupçon de nullité sur leurs théories, qui toutes se rattachent à la Civilisation, et qui tomberaient avec elle du moment où l’on trouverait un meilleur Ordre Social pour la remplacer.

Les philosophes sont donc restreints au Doute partiel, parce qu’ils ont des livres et des préjugés corporatifs à soutenir ; et de peur de compromettre les livres et la coterie, ils ont escobardé de tout temps les problèmes importants. Pour moi qui n’avais aucun parti à soutenir, j’ai pu adopter le Doute absolu et l’appliquer d’abord à la Civilisation et à ses préjugés les plus invétérés.

2o L’Écart absolu. J’avais présumé que le plus sûr moyen d’arriver à des découvertes utiles, c’était de s’éloigner en tout sens des routes suivies par les sciences incertaines, qui n’avaient jamais fait la