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secret et caché, » on pourrait trouver le remède en s’écartant des routes suivies par nos sciences incertaines qui avaient manqué ce remède depuis tant de siècles. J’adoptai donc pour règle dans mes recherches le Doute absolu et l’Écart absolu. Il faut définir ces deux procédés, puisque personne avant moi n’en avait fait usage.

1o Le Doute absolu. Descartes en avait eu l’idée ; mais tout en vantant et recommandant le doute, il n’en avait fait qu’un usage partiel et déplacé. Il élevait des doutes ridicules, il doutait de sa propre existence, et il s’occupait plutôt à alambiquer les sophismes des anciens qu’à chercher des vérités utiles.

Les successeurs de Descartes ont encore moins que lui fait usage du Doute ; ils ne l’ont appliqué qu’aux choses qui leur déplaisaient ; par exemple, ils ont mis en problème la nécessité des religions parce qu’ils étaient antagonistes des prêtres ; mais ils se seraient bien gardés de mettre en problème la nécessité des sciences politiques et morales qui étaient leur gagne-pain, et qui sont aujourd’hui reconnues bien inutiles sous les gouvernements forts, et bien dangereuses sous les gouvernements faibles.

Comme je n’avais de rapport avec nul parti scientifique, je résolus d’appliquer le Doute aux opinions des uns et des autres indistinctement, et de suspecter jusqu’aux dispositions qui avaient l’assentiment universel. Telle est la Civilisation, qui est l’idole de tous les partis philosophiques et dans laquelle on croit voir le terme de la perfection. Cependant, quoi de plus imparfait que cette Civilisation qui traîne tous les fléaux à sa