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les lumières acquises, qu’il fallait chercher le bien social dans quelque nouvelle science, et ouvrir de nouvelles routes au génie politique ; car il était évident que ni les Philosophes ni leurs rivaux ne savaient remédier aux misères sociales, et que, sous les dogmes des uns ou des autres, on verrait toujours se perpétuer les fléaux les plus honteux, entre autres l’indigence.

Telle fut la première considération qui me fit soupçonner l’existence d’une Science Sociale encore inconnue et qui m’excita à en tenter la découverte. Loin de m’effrayer de mon peu de lumières, je n’entrevis que l’honneur de saisir ce que vingt-cinq siècles savants n’avaient pas su découvrir.

J’étais encouragé par les nombreux indices d’égarement de la raison et surtout par l’aspect des fléaux dont l’industrie sociale est affligée : l’indigence, la privation de travail, les succès de la fourberie, les pirateries maritimes, le monopole commercial, l’enlèvement des esclaves, enfin tant d’autres infortunes dont je passe l’énumération, et qui donnent lieu de douter si l’industrie civilisée n’est pas une calamité inventée par Dieu pour châtier le genre humain.

De là je présumai qu’il existait dans cette industrie quelque renversement de l’ordre naturel ; qu’elle s’exerçait peut-être d’une manière contradictoire avec les vues de Dieu ; que la ténacité de tant de fléaux pouvait être attribuée à l’absence de quelque disposition voulue par Dieu et inconnue de nos savants. Enfin, je pensai que, si les sociétés humaines sont atteintes, selon l’opinion de Montesquieu, « d’une maladie de langueur, d’un vice intérieur, d’un venin