Page:Charles Fourier Théorie des quatre mouvements 2nd ed 1841.djvu/416

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sement devant les vices commerciaux dont il s’indigne en secret, et chacun entonne les louanges du Commerce, sans aviser aux moyens d’en secouer le joug, tant les Civilisés sont effrayés quand il s’agit de Réformes qui exigeraient une invention politique dont ils se croient incapables.

Sans doute les philosophes modernes ont une secrète honte des résultats de leur système mercantile, mais, par amour-propre, ils laissent empirer le mal ; ils cajolent ces pygmées politiques, ces agioteurs et accapareurs qu’on n’a pas l’art de contenir ; ils habituent l’esprit public à trembler et fléchir au seul nom du Commerce. Quel démenti de tels scandales donnent à cette raison qui se vante de perfectionnement ! Dans quel bourbier l’Économie politique a-t-elle plongé les empires modernes ! N’étions-nous pas moins avilis et la Civilisation n’était-elle pas moins méprisable quand la philosophie mercantile et les sciences économiques étaient encore dans le néant ?

Veut-on se convaincre par quelques détails que ces tripotiers, tant révérés sous le nom de spéculateurs, ne sont autre chose que des clubistes mitigés, qu’une jacobinière industrielle ? Ils ont, comme les clubistes, la propriété d’affiliation, et un accord parfait pour envenimer toute plaie qui survient à l’industrie. De même que les clubistes savaient s’interposer entre le Gouvernement et le Peuple pour maîtriser l’un et l’autre, ainsi les tripotiers mercantiles savent se rendre médiateurs entre le Gouvernement et l’Industrie, subordonner l’un et l’autre à leurs intrigues, circonvenir et abuser tout le monde par une feinte sollici-