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sistance, ni proposer la recherche d’un autre système commercial.

Voici un exemple de cette tyrannie que l’Agiotage exerce sur les Souverains. Je choisis un fait récent, la dernière fredaine des agioteurs français.

Pendant la dernière guerre contre l’Autriche, un obscur complot mercantile balança les trophées d’Ulm et d’Austerlitz. À l’instant où la France manifestait la confiance la plus aveugle aux opérations du Chef de l’Empire, les agioteurs surent faire éclater les symptômes d’une défiance universelle. On aurait dit que c’était Varron qui commandait nos armées. En deux mois les tripotiers de Paris commirent des ravages inouïs dans l’industrie française ; il fallut ce torrent de victoires subites et miraculeuses pour museler enfin l’Agiotage, qui menaçait d’anéantir tout crédit public, et l’on frémit de penser dans quelle détresse financière serait tombée la France si elle eût fait seulement une campagne neutre, sans succès ni revers.

Les prétextes des alarmistes roulaient sur une avance qu’ils disaient avoir été faite par la Banque de France pour l’ouverture de la campagne ; on estimait cette avance à 50 millions, qui ne sont que la 100e partie du revenu territorial de la France. Et quand ladite avance n’aurait pas eu pour garant les capitaux de la Banque et les délégations sur l’impôt, n’était-elle pas pleinement garantie, aux yeux des Français, par la confiance portée au Souverain ? Eux qui se riraient des enfers et des cieux coalisés quand ils voient Napoléon à la tête de leurs armées, com-