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être contraints à livrer vos magasins ; car si les arrivages doivent cesser dorénavant, si la pénurie doit être complète, il devient inutile de protéger vos machinations, qui accélèrent la chute de l’industrie en la rançonnant et entravant dans un moment de crise ; mais s’il reste des moyens d’arrivage et d’approvisionnement, vous êtes des perturbateurs, des alarmistes qui aggravez un mal-être momentané. Ainsi, quelle que soit votre opinion sur la continuation ou la cessation des arrivages, vous êtes des hommes punissables, et vous devez vous estimer heureux qu’on se borne à vous mettre hors de commerce et faire vendre vos magasins, en vous laissant l’énorme bénéfice d’un quart en sus du prix habituel. »

En prolongeant cette discussion il me serait aisé de prouver qu’on pouvait, sans gêner les relations commerciales [et sans sortir du cercle de la politique civilisée], mettre un frein à la licence des accapareurs ; on en a senti la nécessité relativement au pain et au commerce des blés dans lequel le Gouvernement intervient en tous pays. On sait que, si les accapareurs de blé jouissaient d’une pleine liberté, s’ils pouvaient former des compagnies pour arrher sur champ les récoltes et emmagasiner les grains sans les mettre en circulation, on aurait des famines régulières et graduées, même dans l’année la plus abondante. Eh ! combien de fois les spéculateurs n’ont-ils pas réussi à affamer une contrée, malgré le danger d’être lapidés par le peuple et entravés par le Gouvernement, qui en un moment de détresse ferait ouvrir et vendre les magasins plutôt que de réduire le peuple au désespoir ?