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Un résultat fort bizarre de l’Ordre civilisé, c’est que si l’on réprime directement des classes évidemment malfaisantes, comme celle des accapareurs, le mal devient plus grand, les denrées deviennent plus rares, et l’on s’en est assez convaincu sous le règne de la Terreur. C’est ce qui a fait conclure aux philosophes qu’il faut laisser faire les marchands. Plaisant remède contre un mal, que de l’entretenir parce qu’on ne connaît aucun antidote ! Il fallait en chercher, et jusqu’à ce qu’on en eût découvert, on devait condamner leurs tripotages au lieu de les vanter ; on devait provoquer la recherche d’un procédé capable de les réprimer (la Concurrence sociétaire).

Eh ! pourquoi les philosophes pallient-ils des calamités, comme la Banqueroute, l’Agiotage, l’Accaparement, l’Usure, etc. ? C’est que l’opinion leur répondrait : « Nous connaissons tous ces maux sur lesquels vous vous apitoyez, mais puisque vous êtes des savants plus éclairés que nous, évertuez-vous à chercher des remèdes ; jusque-là votre science, votre rhétorique nous sont inutiles, comme les verbiages d’un médecin qui vient débiter au malade du grec et du latin, sans lui procurer aucun soulagement. » Les philosophes prévoyant ce fâcheux compliment, jugent convenable de nous étourdir sur le mal au lieu de l’avouer ; aussi nous prouvent-ils que l’Accaparement et l’Agiotage sont la perfection du perfectionnement de la perfectibilité. Avec leurs verbiages sur les méthodes analytiques, les abstractions métaphysiques et les perceptions des sensations qui naissent des idées, ils vous plongent dans une lé-