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positions ; d’autres signent par la peur de voir intervenir la Justice qui ne laisserait rien ; d’autres sont plus récalcitrants et parlent de sacrifier le tout, pour envoyer un coquin aux galères. Alors Scapin leur députe sa femme et ses enfants, qui demandent grâce avec des hurlements étudiés ; c’est ainsi que Scapin et son notaire obtiennent en peu de jours la majorité des signatures ; après quoi l’on se moque des refusants, dont on n’a plus besoin. On rit de leur colère, Scapin y répond par de douces paroles et de profonds saluts, et déjà il médite une seconde banqueroute, vu l’heureux succès de la première.

En vain citerait-on quelques banqueroutiers frauduleux qui ont été punis ; sur 100, il en est 99 qui réussissent, et si le 100e échoue, c’est sans doute un oison qui n’a pas su conduire l’intrigue, car l’opération est tellement sûre aujourd’hui qu’on a renoncé tout-à-fait aux anciennes précautions. Autrefois le banqueroutier s’enfuyait à Trente, Liége ou Carouge ; cet usage est tombé depuis la régénération de 1789 ; chacun est revenu aux banqueroutes en famille ; on prépare tranquillement l’affaire, et lorsqu’elle éclate on s’en va passer un mois à la campagne, dans le sein de ses proches et amis ; le notaire accommode tout dans l’intervalle. On reparaît après quelques semaines, et le public est tellement habitué à cette équipée qu’elle est traitée de gentillesse ; cela s’appelle faire ses couches, et l’on dit très froidement ; Voilà un tel qui relève de couches.

J’ai observé que la Banqueroute est le seul crime social qui soit épidémique, et qui entraîne forcément