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Mais il n’y a pas plus de raison, en principe, pour identifier la Morale avec le Bien, qu’il n’y en aurait à identifier, par exemple, le désir de faire fortune avec une fortune faite. À côté du But, du Vœu, du Désir de la Morale, il y a la question des Moyens de Réalisation. Il en résulte, que dans l’intérêt même du But de la Morale, on peut demander, à celle-ci, compte de ses Moyens. Il en résulte, en outre, que si l’on trouve et si l’on prouve que ces Moyens sont mauvais, qu’au lieu d’avoir puissance de réaliser le Bien, ils ont au contraire empêché de découvrir les Conditions de la Réalisation du Bien, il sera très conforme au But de la Morale de critiquer la Morale, de montrer l’impuissance et la fausseté des principes sur lesquels elle s’est fondée ? — c’est précisément ce qu’a fait Fourier.

Il y a donc la Morale considérée dans son But, et la Morale considérée dans ses Procédés. Le lecteur comprendra sans peine, en ayant égard à cette distinction fort sensée, qu’il faut beaucoup de légèreté ou beaucoup de mauvaise foi pour jeter sur un homme qui critique les Procédés de la Morale, des accusations d’attaque à la Morale, formulées de manière à faire croire que c’est au But de la Morale, au Bien lui-même, que cet homme veut porter atteinte. C’est cependant ainsi qu’ont bien soin d’agir toujours les Saintes Ames qui « vengent la Morale des odieuses attaques de Fourier. » Les vengeurs de la Morale seraient-ils donc dispensés d’avoir de la Conscience ou du Bon Sens ?

Si la légitimité du But de la Morale suffisait pour en couvrir, en légitimer, en justifier les Procédés, la même raison légitimerait, à priori, les Procédés de