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listes et des Prêtres de l’époque ? Que prouvaient toutes ces accusations ? — Les accusations, qu’on le sache bien, ne prouvent que quand elles sont prouvées.

Maintenant, que messieurs les Moralistes qui lancent sur Fourier les foudres de leur indignation vertueuse, nous permettent de leur donner sur la Morale, et pour nous résumer, une petite leçon tout-à-fait élémentaire dont ils ont assez besoin, car ils ne paraissent pas avoir en Morale des idées bien nettes, bien claires. Ce sont de simples définitions.


Un Système de Morale, ou si l’on veut une Morale, se compose nécessairement de deux choses : d’un But et des Moyens propres ou crus propres à atteindre ce But. Or, pour qu’une Morale soit légitime, vraie, juste, il faut, non-seulement que le But en soit bon, il faut encore que les Moyens soient capables d’atteindre le But.

La Production du Bien dans la Société, tel doit être le But de la Morale ; mais ce But ne suffit nullement à justifier une Morale. Pour que la justification soit complète, il faut que cette Morale possède un Système de moyens capables de réaliser la Production du Bien dans la Société.

Les Moralistes, jusqu’ici, ne se sont pas avisés de cette distinction assez simple. Ils se sont plu, et ils ont fait de la langue leur complice, à identifier leurs Morales, leurs Systèmes moraux, avec le But de ces Systèmes, avec le Bien lui-même. De là, cette dérivation qui a donné à l’épithète moral le sens de bon, vertueux, conforme au Bien, et à l’épithète immoral la signification inverse.