Page:Charles Fourier Théorie des quatre mouvements 2nd ed 1841.djvu/323

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la morale, était en même temps un habile géomètre et un prélat révéré. Il avait fondé un monastère où il faisait des miracles, comme de ressusciter les morts, et autres facéties ; ses Néophytes étaient soumis aux plus rudes épreuves, comme aujourd’hui nos Trappistes.

Enfin, si ces moralistes obtinrent la faveur du peuple, c’est qu’ils formaient dans la religion mythologique un accessoire au sacerdoce, comme les moines dans la religion catholique.

Tandis que les rigoristes de l’ancienne philosophie séduisaient le peuple par la pratique des austérités et l’étude des sciences utiles, d’autres sectes, plus traitables [comme celle d’Épicure] gagnaient la bonne compagnie et formaient des coteries cabalistiques, pour qui les oisifs de la Grèce prenaient parti, comme on voit aujourd’hui ceux de Paris se passionner pour tel théâtre ou tel acteur. D’où l’on voit que cette vogue de la Morale chez les Grecs ne se fonda que sur la superstition des petits et sur le désœuvrement des grands ; enfin, sur des chances qui flattaient les passions, mais nullement sur l’influence de la raison.

Autres temps, autres mœurs. Les coteries morales n’étaient déjà plus en crédit chez les Romains, et Caton, au sujet d’une intrigue où figuraient quelques sophistes grecs, voulait qu’on chassât de Rome tous les philosophes ; preuve qu’ils n’étaient plus en odeur de sainteté.

Quant aux modernes, la Philosophie morale n’a reparu chez eux que pour y mourir de sa belle mort. D’abord elle s’est traînée servilement sur les pas des anciens ; vainement a-t-elle ressassé leurs diatribes