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dier au plus scandaleux des désordres sociaux, à la Pauvreté. Tant qu’elle subsiste, vos profondes sciences ne sont pour vous que des brevets de démence et d’inutilité ; vous n’êtes qu’une légion de fous avec toute votre sagesse.

Vous vous annoncez pour interprètes de la raison. Gardez donc le silence tant que durera l’Ordre civilisé ; car il est incompatible avec la raison, si elle recommande la modération et la vérité. En quels lieux la Civilisation a-t-elle fait des progrès ? Ç’a été dans Athènes, Paris, Londres, etc., où les hommes n’ont été nullement amis de la modération ni de la vérité, mais fortement esclaves de leurs passions et adonnés aux intrigues et au luxe. En quels lieux la Civilisation a-t-elle langui et resté médiocre ? ç’a été dans Sparte et dans Rome primitive, où les passions voluptueuses et le luxe n’avaient qu’un faible développement. D’après cette expérience, pouvez-vous douter que l’Ordre civilisé ne soit inconciliable avec cette raison qui consiste selon vous à modérer ses passions ? pouvez-vous douter qu’il ne faille bannir une telle raison, si l’on veut le maintien et les progrès de l’Ordre civilisé ?

Votre science eut quelque vogue dans l’Antiquité, mais parce qu’alors elle flattait les passions ; en effet, l’imagination et la curiosité avaient peu d’aliments dans ces temps où les sciences fixes et la littérature étaient au berceau ; l’on dut s’attacher avidement à des dogmes qui ouvraient une immense carrière à la controverse et aux intrigues ; la Philosophie incertaine était alors soutenue par son union avec les sciences fixes et avec la religion. Pythagore, doyen de