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croyez de bonne foi que la médiocrité puisse remplir le cœur de l’homme, suffire à son inquiétude perpétuelle, vous ne connaissez pas l’homme ; c’est à vous d’aller à l’école, au lieu de nous donner des leçons. Et si l’éloge n’est qu’une jonglerie oratoire, vous êtes bien inconséquents de vanter cette médiocrité qui déplaît à ceux qui peuvent en jouir, et que vous ne savez pas procurer à ceux qui ne l’ont pas. Choisissez entre ces deux rôles, qui l’un et l’autre rabaissent vos dogmes fort au-dessous de la médiocrité.

Espérez-vous vous sauver par la question intentionnelle ? faire valoir vos efforts pour procurer à l’homme des consolations ? Si vous aviez l’intention sincère de consoler l’infortune, vous chercheriez d’autres moyens que vos dogmes, reconnus impuissants, de votre propre aveu. Témoin un moraliste moderne qui dit en parlant aux maîtres de l’art, aux Senèque, aux Marc-Aurèle : « Pour me soutenir dans le malheur, vous m’appuyez sur le bâton de la Philosophie, et vous me dites : Marchez ferme, courez le monde en mendiant votre pain ; vous voilà tout aussi heureux que nous dans nos châteaux, avec nos femmes et la considération de nos voisins. Mais la première chose qui me manque, c’est cette Raison sur laquelle vous voulez que je m’appuie. Toutes vos belles dialectiques disparaissent précisément quand j’en ai besoin ; elles ne sont qu’un roseau entre les mains d’un malade, etc. » (Bernardin de Saint-Pierre.)

Voilà la Philosophie morale décréditée par ses auteurs mêmes ; et sans attendre leur désaveu, ne suffisait-il pas de leurs actions pour nous désabuser ? De-