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fit de cet amoureux martyre ; car le remède ordinaire à une telle mésaventure, c’est de s’étourdir pendant quelques jours avec les Bacchantes, les Aventurières et autres corporations de l’armée qui exercent la philanthropie. Quand on connaîtra les détails de ces diverses fonctions et le mécanisme des Séries amoureuses dans les armées de l’Ordre combiné, on trouvera les amours de la Civilisation si monotones, si pitoyables, qu’on ne pourra supporter la lecture de nos romans et de nos pièces de théâtre ; l’on concevra que l’admission aux armées devienne une faveur dans l’Ordre combiné ; qu’il se présente le double des volontaires que l’on désire, et que par le seul levier de l’amour, on puisse rassembler cent vingt millions de légionnaires des deux sexes, qui exécuteront des travaux dont la seule idée glacerait d’épouvante nos mercenaires esprits. Par exemple, l’Ordre combiné entreprendra la conquête du grand désert de Sahara ; on le fera attaquer sur divers points par 10 et 20 millions de bras s’il est nécessaire, et à force de rapporter des terres, planter et boiser de proche en proche, on parviendra à humecter le pays, fixer les sables et remplacer le désert par des régions fécondes. On fera des canaux à vaisseaux là où nous ne saurions pas même faire des rigoles d’arrosage, et les grands vaisseaux navigueront, non-seulement au travers des isthmes, comme ceux de Suez et Panama, mais encore dans l’intérieur des continents, comme de la mer Caspienne aux mers d’Azof, de Perse et d’Aral ; ils navigueront de Québec aux cinq grands lacs, enfin de la mer à tous les grands lacs dont la