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C’est ici qu’on pourra élever contre moi des arguments spécieux. Les opposants voudront jeter de la défaveur sur les caves de cet Ordre combiné dont les cuisines accumuleront tant de trophées. Écoutons parler ces antagonistes : « Nous accordons, me diront-ils, que vos Phalanges, vos Séries et vos Groupes puissent fournir les productions les plus exquises en telle abondance que le pauvre même y obtienne quelque part ; mais pour correspondre à cette chère toute divine, pourrez-vous créer sur tous les points de la terre des vignobles tels que Médoc, Ay, Chambertin, Rudolsheim, Xérès, Tokai, etc. ? Ces vignobles, limités à un petit espace, ne pourront pas fournir aux tables de première classe dans trois millions de cantons ; la bonne chère du peuple ne sera donc arrosée que de piquette, et ne présentera qu’une cacophonie gastronomique ; car il n’est point de bon repas sans bon vin. Or, pour assortir une chère dont les moindres mets surpasseront par toute la terre ceux de nos Apicius, il faudrait par toute la terre des vins supérieurs à ceux de nos vignobles fameux qui occupent quelques points imperceptibles, et que nul travail n’égalera jamais, puisque leur saveur dépend du terroir et non de l’industrie. »

L’objection parait embarrassante, et je me plais à la poser rigoureusement pour prouver que la solution des problèmes les plus effrayants devient un jeu pour qui tient la Théorie du Mouvement social. Oui, l’homme pauvre sera, dans l’Ordre combiné, abreuvé à son ordinaire de vins égaux aux plus fameux de France, d’Espagne et de Hongrie, et conséquemment les gens