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résulte déjà que dans le plus pauvre canton des Alpes et des Pyrénées, l’on trouvera un opéra semblable à celui de Paris ; je pourrais même dire supérieur, car l’éducation civilisée ne peut pas, sur l’étude des arts ni sur l’épuration du goût, opérer les prodiges qu’on obtiendra de la méthode d’éducation naturelle.

Si aux acteurs d’un canton l’on ajoute ceux des cantons voisins, quel sera l’éclat des spectacles dans un jour de fête où se rassemblent les virtuoses de plusieurs Phalanges voisines, et où l’on jouit d’une réunion de talents telle que pourraient la fournir une douzaine de capitales comme Paris ? Or, le plus pauvre des hommes pouvant assister à ces spectacles, il aura sur ce point des jouissances bien supérieures à celle des Potentats civilisés.

La chance est bien autrement brillante si l’on suppose un passage d’amateurs, voyageant comme on en voit fréquemment dans l’Ordre combiné, où les voyageurs se forment en grande caravane de Chevalerie errante, qui vont courir les aventures, en déployant un caractère quelconque. Aujourd’hui l’on verra arriver les Bandes Roses qui viennent de Perse, et qui déploient caractère dramatique et lyrique ; quelques jours après viennent les Bandes Lilas du Japon, qui déploient caractère poétique et littéraire ; et le passage successif de ces caravanes fournit dans le cours de l’année des fêtes et jouissances délicieuses à chaque amateur de sciences ou arts. Il passe des Bandes de tous les caractères ; elles ne reçoivent dans leur corporation que des personnages capables de soutenir l’honneur de la troupe dans les deux sexes.