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cline à la mépriser quand on la juge superficiellement et sur les apparences. Aussi ne faut-il pas s’étonner si Mahomet, le Concile de Mâcon et les philosophes ont contesté sur l’âme des femmes, et n’ont songé qu’à river leurs fers au lieu de les briser.

Elles semblent avoir plutôt besoin de maîtres que de liberté ; aussi parmi leurs amants donnent-elles communément la préférence à ceux dont les procédés la mériteraient le moins. Mais comment la femme pourrait-elle échapper à des penchants serviles et perfides quand l’éducation l’a façonnée dès l’enfance à étouffer son caractère pour se plier à celui du premier venu, que le hasard, l’intrigue ou l’avarice lui choisiront pour époux ?

Une chose surprenante, c’est que les femmes se soient toujours montrées supérieures aux hommes quand elles ont pu développer sur le trône leurs moyens naturels, dont le diadème leur assure un libre usage. N’est-il pas notoire que sur huit femmes souveraines, libres et sans époux, il en est sept qui ont régné avec gloire, tandis que sur huit rois, on compte habituellement sept souverains faibles ? Et si quelque femmes n’ont pas brillé sur le trône, c’est pour avoir, comme Marie Stuart, hésité et biaisé devant les préjugés amoureux qu’elles devaient hardiment fouler. Quand elles ont pris ce parti, quels hommes ont mieux su porter le sceptre ? Les Elisabeth, les Catherine ne faisaient pas la guerre, mais elles savaient choisir leurs généraux, et c’est assez pour les avoir bons. Dans toute autre branche de l’administration, les femmes n’ont-elles pas donné des leçons à l’homme ?