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ment heureux, il pourrait accueillir un langage simple et véridique, qu’on se garde bien de lui adresser. Il en est de même des femmes ; si elles étaient libres et heureuses, elles seraient moins avides d’illusions et de cajoleries, et il ne serait plus nécessaire, pour leur écrire, de mettre à contribution l’arc-en-ciel et les papillons. Mais si le militaire et le sexe féminin, et même le peuple entier, ont besoin d’être continuellement abusés, c’est un titre d’accusation contre la philosophie, qui n’a su organiser en ce monde que le mal-être et la servitude. Et lorsqu’elle raille sur les vices des femmes, elle fait sa propre critique ; c’est elle qui produit ces vices par un système social qui, comprimant leurs facultés dès l’enfance et pendant tout le cours de la vie, les force à recourir à la fraude pour se livrer à la nature.

Vouloir juger les femmes sur le caractère vicieux qu’elles déploient en Civilisation, c’est comme si l’on voulait juger la nature de l’homme par le caractère du paysan russe, qui n’a aucune idée d’honneur ni de liberté, ou comme si l’on jugeait les castors sur l’hébétement qu’ils montrent dans l’état domestique, tandis que dans l’état de liberté et de travail combiné ils deviennent les plus intelligents de tous les quadrupèdes. Même contraste régnera entre les femmes esclaves de la Civilisation et les femmes libres de l’Ordre combiné ; elles surpasseront les hommes en dévouement industriel, en loyauté et en noblesse ; mais, hors de l’état libre et combiné, la femme devient, comme le castor domestique ou le paysan russe, un être tellement inférieur à sa destinée et à ses moyens qu’on in-