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ne pourrait avoir dans tout le cours de sa vie que la ménagère qu’il aurait épousée. Or, quelle serait l’opinion des hommes sur cette perspective d’être réduits pour toute leur vie à ne jouir que d’une épouse qui pourra leur déplaire dès le lendemain du mariage ? Certes, chaque homme individuellement opinerait à étouffer l’auteur d’une pareille invention qui menacerait d’anéantir la galanterie, et les plus ardents ennemis d’un tel ordre seraient les philosophes, qui sont fortement adonnés à la séduction et à l’adultère ; d’où l’on voit que tous les hommes sont personnellement ennemis de leurs maximes de chasteté, et que le bonheur du sexe masculin s’établit en proportion de la résistance des femmes aux préceptes de fidélité conjugale. Leur observance rigoureuse causerait le désespoir de tous les hommes individuellement, sans en excepter les philosophes, qui, étant plus séducteurs que d’autres, seraient les plus confondus par le triomphe de leurs maximes amoureuses, comme ils le furent, en 1789, par l’épreuve de leurs systèmes administratifs.

Une autre conclusion que l’on peut tirer du débat qui nous occupe, c’est que les Civilisés sont dans une ignorance absolue sur l’emploi des passions dans le système moral ; car, en adoptant la modification proposée à l’égard des femmes, la distinction de Minorité et Majorité amoureuse, on arrivait à plusieurs résultats excessivement avantageux au bien des bonnes mœurs civilisées. Entre autres abus qu’on aurait extirpés, je citerai la Confusion amoureuse, qui est un des seize caractères de Civilisation. Je vais la mettre en parallèle