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cocuage objet de leur effroi ; aussi ces savants varient-ils chaque jour dans leurs systèmes d’éducation, sans autre résultat que de masquer et non pas de changer les penchants des jeunes filles.

« Naturam expellas furcâ, tamen usquè recurret. »

Ils s’alarment si l’on élève les femmes à la culture des sciences ou des arts ; ils ne voudraient chez les jeunes personnes d’autre goût que celui d’écumer le pot au feu ; telles sont leurs propres paroles, qu’ils font entendre jusque sur les théâtres. Ils ne sont occupés qu’à contrarier l’amour du plaisir ; ils n’entrevoient que des cornes dans l’avenir ; ils sont haineux et tracassiers sur les goûts des femmes, ombrageux comme les eunuques autour des odalisques.

Eh ! quand on parviendrait à débrouiller leurs systèmes d’éducation, qui varient chaque jour (puisqu’il paraît chaque jour de nouveaux traités de morale qui ne sont jamais d’accord avec les précédents), quel fruit en retirerait-on pour l’avantage des jeunes filles ? Voit-on se marier celles qui sont boursouflées de préceptes [et non d’argent] ? Non, elles restent vacantes avec leurs vertus. Il n’y a que deux leviers qui décident les mariages en Civilisation : ce sont la fortune et l’intrigue. Les pères ne l’ignorent pas ; aussi sont-ils plus en peine de doter leurs filles que de les éduquer. Quant à l’intrigue, les pères n’excellent pas sur ce point, et, malgré les cajoleries qu’ils emploient auprès des hommes à marier, ils sont déjoués par toute fille un peu manégée qui sait elle-même conduire l’intrigue et