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ménage, et adoucira, autant que possible, la disgrâce inévitable du cocuage. De telles femmes conviennent éminemment aux hommes insouciants, aux maris de bonne pâte, à qui il faut une épouse impérieuse, une virago qui sache tenir le gouvernail du ménage et porter les culottes. Une telle épouse fait le bonheur d’un homme faible ; il obtient d’elle le véritable amour conjugal, qui n’est autre chose qu’une ligue d’intérêts entre les époux, une coalition contre les perfidies sociales.

Combien est-il d’autres classes d’hommes qui ne sauraient s’accommoder de ces femmes emmiellées de préjugés, de ces automates philosophiques dont le caractère est une énigme impénétrable, et qui, avec leur ingénuité simulée, excitent la défiance des philosophes même ; ils savent mieux que personne combien l’on doit peu compter sur cet air de candeur que l’éducation donne aux jeunes filles. Toute dame d’une conduite licencieuse a paru aussi candide qu’une autre avant son mariage ; ce vernis de chasteté est un masque qui n’en impose à aucun homme, n’accélère point les mariages et n’aboutit qu’à exercer les femmes à la dissimulation. On sait qu’un souffle de l’amour leur créera des passions et développera en elles un caractère encore inconnu, et dont la bonté ou la malice est une énigme impénétrable même aux hommes exercés. Bref, ce galimatias d’éducation philosophique n’est qu’un cercle vicieux comme tous les usages civilisés, et n’aboutit qu’à jeter tous les époux dans la disgrâce qu’ils veulent éviter. Ce qui désoriente les philosophes c’est de voir qu’on n’arrive de toutes manières qu’à ce