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intelligentes au travail et plus habiles à trouver quelque innocent qui les épouse quand elles sont sur le retour. On doit blâmer sans doute leur manie de dissimulation perpétuelle, manie qu’il faut attribuer au mauvais ton des hommes de classe moyenne qui les entourent. Du reste, elles ont d’heureuses dispositions ; elles sont surtout d’excellentes ménagères, bien préférables aux Agnès du premier étage.

En résumé : l’on élèverait à la perfection le caractère féminin si l’on pouvait réunir les qualités des trois classes de femmes que j’ai citées ; et tel serait l’effet d’un Ordre social où le sexe féminin jouirait pleinement de la liberté amoureuse. En voulant n’atteindre qu’un but, celui de ménagère, vous manquez tout pour avoir trop peu désiré ; vos jeunes filles boursouflées de préjugés et de philosophie sont des êtres dénaturés toujours rongés de désirs, elles ont l’esprit en distraction continuelle, travaillent avec dégoût, effleurent les arts qu’on leur enseigne, oublient après le mariage tout ce qu’elles ont appris, et deviennent bientôt de mauvaises ménagères pour peu que l’époux n’ait pas l’habileté de les conduire à la guide. Le monde les éblouit, les entraîne d’autant plus vite qu’elles n’en ont aucune expérience, tandis qu’une femme déjà exercée avant le mariage sera moins infatuée du plaisir, et, connaissant les astuces des galants, elle s’attachera d’autant mieux au ménage et au mari qu’elle considérera comme protecteur contre la persécution masculine. Si elle prend des suppléants ce sera par délassement plutôt que par passion ; dans ses amours elle ne perdra point de vue les intérêts du