Page:Charles Fourier Théorie des quatre mouvements 2nd ed 1841.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en frais pour servir à ses conviés un assortiment de poisons liquides composés par les marchands de vin, et même par les propriétaires, qui, depuis les progrès de l’esprit mercantile, sont devenus aussi droguistes, aussi fourbes que les marchands.

Ces friponneries ne sont pas à craindre pour une Tribu sociétaire ; elle a toujours parmi ses membres un comité de cavistes expérimentés, qu’on ne pourrait pas duper, qu’on ne tenterait même pas de surprendre. Dès lors les fournitures de chaque Tribu, les comestibles, boissons et autres objets, sont choisis avec intelligence, et entretenus dans le meilleur ordre, sans que la majorité des sociétaires s’inquiète de cette gestion ; car il suffit, pour la surveillance de chaque objet, du comité de fonctionnaires spéciaux, qui trouvent à de telles occupations plaisir, bénéfice et considération.

Si l’on continue l’analyse des inconvénients attachés à notre genre de vie, à nos ménages isolés, on reconnaîtra que tous nos embarras domestiques dérivent d’une seule cause, de l’incohérence sociale, qui exigerait dans chaque homme et chaque femme toutes sortes de connaissances et de goûts que la nature n’a départis qu’au très petit nombre d’entre nous, afin de ne pas excéder les besoins de l’Ordre sociétaire, qui est notre Destinée, et qui n’emploiera communément que dix personnes là où nous en employons cent. Il était donc inutile que la nature distribuât à profusion tels penchants ou caractères qui nous paraissent louables, comme celui de ménagère, et qui deviendraient superflus et incommodes dans l’état sociétaire, s’ils étaient aussi