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En résumé, le service domestique, dans les Tribus, offre de nombreux agréments aux valets comme aux maîtres, et c’est en tous points que cet Ordre a la faculté de changer en plaisirs des occupations qui deviennent une source d’ennui dans l’Ordre civilisé.

Les vieillards spécialement auraient à se louer de ce nouvel Ordre. Il n’est rien de plus fâcheux que le sort des vieillards et des enfants, dans l’Ordre civilisé ; cet Ordre ne comporte pas de fonctions convenables aux deux âges extrêmes, de sorte que l’enfance et la vieillesse sont à charge au corps social. Les enfants néanmoins sont choyés en considération de leurs services futurs ; mais les vieillards, de qui l’on n’attend d’autre service que leur héritage, sont méprisés, importuns, persiflés en secret, et poussés dans la tombe. On leur témoigne encore des égards dans les familles riches, mais chez le peuple et chez le paysan, rien n’est plus affligeant que le sort des vieillards. Ils sont avilis, rebutés sans ménagement, et l’ironie générale leur reproche à chaque pas leur inutile existence.

Ces scandales cessent dans le Ménage progressif, où les vieillards ont des fonctions non moins utiles que celles des hommes dans la force de l’âge ; ils jouissent dans l’état de santé d’une existence aussi délicieuse que celle de leurs belles années.

Si l’on veut juger combien le Ménage progressif s’adapte merveilleusement aux passions humaines, il faut observer que la nature nous a distribué les divers goûts en proportion et variété convenables à ce nouvel Ordre, et en disproportion constante avec les besoins de l’Ordre civilisé.