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échapper, malgré la certitude qu’a l’époux, avant le mariage, de subir le sort commun qu’il a fait subir à tant d’autres[1].

En voyant ces nombreuses disgrâces attachées à l’état de mariage et de ménage isolé, comment les hommes ont-ils négligé de chercher une issue à tant de servitudes, et de provoquer des innovations domestiques, qui n’auraient pu produire rien de plus malencontreux que la vie de ménage actuelle ?

On dit, en affaires politiques, que les plus forts ont fait la loi ; il n’en est pas de même en affaires domestiques ; le sexe masculin, quoique le plus fort, n’a pas fait la loi à son avantage, en établissant les ménages isolés et le mariage permanent qui en est une suite. On dirait qu’un tel ordre est l’œuvre d’un troisième sexe qui aura voulu condamner les deux autres à l’ennui. Pouvait-il inventer mieux que le ménage isolé et le mariage permanent pour établir la langueur, la vénalité, la perfidie, dans les relations d’amour et de plaisir ?

Le mariage semble inventé pour récompenser les pervers ; plus un homme est astucieux et séducteur, plus il lui est facile d’arriver par le mariage à l’opulence et à l’estime publique. Il en est de même des femmes. Mettez en jeu les ressorts les plus infâmes pour obtenir un riche parti ; dès que vous êtes parvenu à épouser, vous devenez un petit saint, un tendre époux, un modèle de vertu. Acquérir tout à coup une immense fortune pour la peine d’exploiter une jeune demoiselle, c’est un résultat si plaisant que l’opinion

  1. Voyez le Nota qui vient après la Note A, à la fin du volume.