Page:Charles Fourier Théorie des quatre mouvements 2nd ed 1841.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’il existait quelques édifices et plantations qu’on pût affecter à une Phalange de Séries progressives. Or, la préparation du premier canton exigeant à peine deux ans, et le plus caduc des hommes pouvant toujours espérer deux ans d’existence, il se plaira encore à l’idée d’organiser les Séries progressives, de les voir avant sa mort, et d’entonner à cet aspect le cantique de Siméon : « Seigneur, je vais mourir en paix, puisque j’ai vu naître l’Ordre social que vous aviez préparé pour le salut de tous les peuples. »

C’est à présent que l’homme pourra quitter la vie sans regret, puisqu’il aura la certitude de l’immortalité de l’âme, dont on ne pouvait s’assurer que par l’invention des lois du Mouvement social. Nous n’avions eu jusqu’à ce jour sur la vie future que des notions si vagues, des peintures si effrayantes, que l’immortalité était plutôt un sujet de terreur que de consolation. Aussi la croyance était-elle bien faible, et il n’était pas à souhaiter qu’elle devînt plus ferme. Dieu ne permet pas que les globes acquièrent pendant l’Ordre incohérent des notions certaines sur une vie future des âmes ; si l’on en était convaincu, les plus pauvres des Civilisés se suicideraient dès l’instant où ils seraient assurés d’une autre vie, qui ne pourrait être pire que celle-ci l’est pour eux. Il ne resterait que les riches, qui n’auraient ni aptitude ni penchant à remplacer les pauvres dans leurs ingrates fonctions. Dès lors l’industrie civilisée tomberait par la mort de ceux qui en supportent le faix, et un globe resterait constamment dans l’état sauvage par la seule conviction de l’immortalité.