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C’est une chose plus qu’étrange que l’on veuille faire passer pour contraires aux bonnes mœurs des Principes inconditionnels, des Principes qui sont de la nature des Axiomes, celui-ci, par exemple : La perfection de l’État Social est caractérisée par l’Union Absolue de l’Ordre et de la Liberté. Si ce principe est immoral, nous sommes obligés de confesser l’immoralité de la Théorie de Fourier dont il est l’âme.

Convaincu que Dieu ne pouvait pas avoir imposé fatalement et à jamais la perpétration du Mal à sa créature, Fourier s’est proposé de découvrir des Conditions sociales telles que l’Homme, libre de faire le Mal ne fît jamais le Mal, n’ayant plus dans ces conditions le moindre intérêt à mal faire. Après des travaux immenses, Fourier est arrivé à déterminer et à décrire un État social conforme aux Lois de l’Ordre universel et dans lequel il est évident que l’individu n’a plus d’intérêt à nuire à son semblable, et doit naturellement employer toutes ses facultés, toute l’énergie de ses Passions natives au service de la Société. Fourier a proclamé la découverte des Conditions d’Union de l’Ordre et de la Liberté, il a fait connaître son Principe et son Système, il en a demandé la Vérification par l’Expérience : voilà ses crimes !

Il se pourrait donc, et Fourier le soutient, que l’Homme ne fût pas, comme l’ont professé depuis trois ou quatre mille ans, les Philosophes et les Moralistes, une méchante créature, un être naturellement pervers, aimant le Mal pour le Mal, éternellement destiné à mal faire ! Il se pourrait que les Passions que nous tenons de la Nature, qui sont les Lois de notre Être, les mani-