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mière explosion du Génie ; c’est une éclatante et merveilleuse éruption qui projette de tous côtés des flots de poésie, d’enthousiasme et de science dont les clartés soudaines ouvrent à l’esprit des milliers d’horizons inconnus, immenses, mais pour les refermer aussitôt, et qui fait sur l’intelligence l’effet d’une étourdissante féerie, d’une fantasmagorie gigantesque.

Les intelligences fortes et vraiment philosophiques, avant d’avoir seulement achevé la lecture du Discours préliminaire, sauront bien reconnaître à quel homme elles ont affaire. À la fermeté et à l’élévation de la Pensée, à la vigueur, à la grandeur et au calme de l’Idée, à la trempe de la Logique, à la simplicité, à l’éclat ou à la majesté de la Parole, elles reconnaîtront qu’elles sont en présence d’un Génie de premier ordre, du Possesseur d’une Lumière Nouvelle, du Dieu d’un Monde inconnu. Mais bientôt, quelque fortes qu’elles soient, elles éprouveront des éblouissements. Le guide leur montrera trop rapidement trop de choses et de trop grandes choses ; elles se trouveront désorientées et invoqueront le secours d’une boussole, d’un fil conducteur qu’elles ne trouveront point, — et que l’Auteur n’avait pas voulu livrer encore dans ce premier écrit, puisque son objet était de faire demander par le lecteur ce fil et cette boussole.

De leur côté les esprits routiniers, ceux qui prennent l’horizon de leurs idées pour les bornes du monde, seront tentés de crier à l’extravagance, et ils auront besoin, pour retenir des jugements inconsidérés, de se rappeler qu’il existe aujourd’hui en France et à l’Étranger une foule d’hommes ayant fait leurs preuves