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en nous laissant le libre arbitre, ne peut pas empêcher que certains globes ne se laissent égarer par les sciences incertaines et par les préjugés qu’elles répandent contre la nature et l’Attraction. Ces globes encroûtés de philosophie peuvent persister longtemps dans leur aveuglement, et se croire habiles dans l’art social quand ils ne savent produire que les révolutions, l’indigence, la fourberie et le carnage. Tant qu’on s’obstine dans cet orgueil, tant que la raison ne s’élève pas contre les faux savants, il ne faut pas s’étonner si le désordre se perpétue. Et peut-on voir un désordre plus affreux que celui qui règne sur ce globe ? La moitié de la terre est envahie par les bêtes féroces ou sauvages, ce qui est la même chose ; quant à l’autre moitié, qui est mise en culture, on en voit les trois quarts occupés par les coupe-têtes ou Barbares, qui asservissent les cultivateurs et les femmes, et qui sont en tous sens l’opprobre de la raison. Il reste donc un huitième du globe dévolu aux fripons ou Civilisés, qui se vantent de perfectionnement, en élevant l’indigence et la corruption au plus haut degré. Pourrait-on trouver un désordre plus odieux sur aucun globe ? Et quand on voit les nations accueillir cette philosophie qui a produit un tel chaos politique, faut-il s’étonner si le genre humain est arriéré de plusieurs mille ans dans sa carrière sociale, s’il a passé sept mille ans dans l’enfance qui en devait à peine durer cinq mille, et s’il ne s’est élevé qu’à la cinquième des sept périodes d’enfance sociale, sans parvenir seulement à la sixième, où il aurait déjà trouvé une ombre de bien-être ?