Page:Charles Dupin - Forces productives et commerciales de la France, T1, 1827.djvu/26

Cette page n’a pas encore été corrigée
13
Avant-Propos

ij INTRODUCTION.

perfections nombreuses , ne sera point sans quelques fruits pour cette civilisation qui fait l’objet de nos vœux et de notre espoir. Je ne suis pas un novateur ; je ne suis pas un faiseur de systèmes ; je n’offre pas de théories qui soient à moi ; je n’ai pas l’orgueil insensé d’aspirer à voir mon pays conduit d’après les déceptions de mes pensées vagabondes. Je ne suis qu’un narrateur, et le plus souvent qu’un simple arithméticien. Je rapporte avec fidélité ce que j’ai vu, lu, compté. C’est une chronique , ou , pour mieux dire , une statistique contemporaine , que j’offre à mes concitoyens.

C’est une statistique comparée. Je compare les forces productives et le produit de ces forces : dans chaque département , avec la France moyenne ; dans la partie occidentale , avec la partie orientale ; dans le nord , avec le midi. J’oppose ainsi les trente-deux départements du septentrion, aux cinquante-quatre départements du centre et du sud. Ces parallèles ne sont pas un vain objet de curiosité ; ils nous révèlent des rapports ignorés jusqu’à ce jour ; ils nous signalent des différences inaperçues encore ; ils nous conduisent à connaître les causes de ces rapports variés et de ces différences. La statistique comparée est une science à créer ; elle est dans les besoins de notre époque. Les relations des peuples ont une étendue dont les siècles précédents n’offrent aucun exemple ; tour à tour le commerce unit et divise les deux mondes ; les peuples , les gouvernements des pays les plus lointains , tantôt marchent de concert , tantôt se dirigent par des voies opposées , suivant des vues qui devraient avoir pour guide les notions les plus saines de la statistique comparée , laquelle est encore dans l’enfance. J’ose espérer que chez les peuples les plus éclairés , dans la Grande-Bretagne , l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas et les États-Unis, des écrivains studieux et de bonne foi feront l’étude des forces productives et commerciales de leurs contrées respectives , et des pays étrangers qu’ils connaissent le mieux. Quand ils auront publié leurs travaux, on pourra réunir les lumières qui leur seront dues, et développer, pour l’époque où nous vivons, le Tableau des forces productives et commerciales de l’ufuuers. C’est alors que chaque nation verra clairement , par l’exemple des autres peuples, ce qui peut servir ou nuire aux progrès de sa propre civilisation. Des exemples vivants , de décadence ou de prospérité, présentés par des peuples contemporains , auront une toute autre puissance , que des théories et des systèmes : les sophismes tomberont devant la réalité des faits. Essayons, maintenant, de présenter le tableau général des progrès de la France , depuis l’époque où l’auteur de la Charte , ayant sanctionné par cette loi fondamentale les libertés de la nation française, l’usage légal de ces