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Implorer un aveu pour me le pardonner.
Devant nous, le port sombre aux feux blêmes, la vie ;
D’un côté, le repos de la terre endormie ;
De l’autre, l’océan et les souffles amers…
Silencieusement, nous choisîmes la mer.
En trébuchant, nous descendîmes sur le sable,
Au bords des flots moins sourds et moins infranchissables
Que le gouffre innommé, l’abîme surhumain
Qui sépare les cœurs quand on donne la main.
Les flots croulants le long d’une nappe de brume
Se tordaient par tronçons comme un serpent d’écume ;
Le vent s’était calmé, l’air s’était adouci.
Tu répétais : Partons, ne restons pas ici !


Alors, muets encor tous deux, on s’en alla
Plus loin, au plus obscur, vers la falaise, et là,
Dans le mur colossal où tel qu’un arc funèbre
S’ouvrait aux noirs rôdeurs la porte des ténèbres
Nous entrâmes. Le creux n’était pas bien profond :
Dès notre premier pas nous heurtâmes le fond,
Tant le bon marbrier de toute la nature