Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/52

Cette page n’a pas encore été corrigée
48
le peuple du pôle

Je me repentis aussitôt d’avoir agi si cavalièrement, car, avec le caractère irascible de Ceintras, il fallait s’attendre à tout. Mais il avait, pour l’instant, mieux à faire qu’à se formaliser de mon manque de courtoisie. Il me regarda comme s’il s’éveillait d’un pénible cauchemar et, d’une voix un peu incertaine, il me dit :

— Alors, cette expédition polaire… on y va ? C’est décidé ?…

Avec un haussement d’épaule je répondis simplement :

— Parbleu !

Il garda un moment le silence, puis les poings crispés par une sorte de rage impuissante, il s’écria :

— Mais pour quoi faire ! pour quoi faire, bon Dieu !

— Pour voir…

— Voir quoi ?

— Des choses que les autres hommes n’ont pas encore vues.

Il eut un ricanement à la fois désolé et méchant et, en répétant les paroles que je venais de dire, il en exagéra ironiquement le ton inspiré.

— Des choses… des choses que les autres hommes n’ont pas encore vues ! Mais que comptes-tu donc trouver là-bas ? Voyons, parle !