Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/48

Cette page n’a pas encore été corrigée
44
le peuple du pôle

desservaient dans ce pays sauvage le culte orthodoxe, exécuter d’interminables processions, durant lesquelles leurs gosiers bien humectés entonnaient d’ineffables cantiques d’action de grâce en l’honneur des icônes que des bras mal assurés véhiculaient sous des dais de peau de renne. Les autres jours, la population du village passait de longues heures à nous contempler ; assis par terre, hommes, femmes et enfants nous adressaient sans répit de bons sourires huilés par les tartines de graisse de phoque qu’ils engloutissaient sans discontinuer, d’un appétit tranquille et insatiable. L’interprète leur ayant annoncé que notre intention était de nous envoler dans les airs plus haut que les oiseaux, leur sympathie se transforma en une adoration respectueuse et craintive ; et ils commencèrent alors à murmurer autour de nous de monotones mélopées qu’ils accompagnaient en frappant des mains et que nous sûmes bientôt être des chants à la louange de nos mérites. Tout cela ne nous empêchait pas de les tenir à l’œil ou de monter la garde autour de nos bidons d’essence dont ils auraient bu, à l’occasion, faute de mieux, quittes à redoubler par la suite de dévotion à notre endroit.

Le hangar établi, une semaine de travail