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le peuple du pôle

Je me rappelle avoir cherché un revolver dans ma poche avec l’idée de menacer Ceintras de lui brûler la cervelle s’il ne me donnait pas immédiatement sa parole d’honneur de remettre à son retour du Pôle l’exécution de ce projet insensé. Mais je n’avais pas de revolver… Ce furent, durant deux jours, des scènes terribles, puis Ceintras, m’ayant promis de partir une semaine après la noce, je compris que le plus court serait de céder et d’expédier l’affaire au plus tôt. Fort heureusement, les parents de la jeune fille et la jeune fille elle-même ne voulurent plus entendre parler de mariage lorsqu’ils surent que Ceintras entreprendrait huit jours plus tard une expédition polaire. Tout fut définitivement rompu lorsqu’il leur eut avoué, sous le sceau du secret, avec l’espoir de se poser en héros à leurs yeux, dans quelles conditions cette expédition serait accomplie.

On peut penser que mon pauvre ami, vexé et navré comme il l’était, ne fut précisément pas un très agréable compagnon de voyage. Mais je n’y prenais guère garde ; je pensais être enfin au terme de mes peines, et avoir réduit à l’impuissance le mauvais vouloir ou plutôt le fâcheux caractère de Ceintras ; je me disais qu’une fois installé à Kabarova il devrait évidemment se contenter de préparer avec soin le succès de