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le peuple du pôle

échec fut bon à quelque chose, puisque Ceintras renonça pour un temps à son arrogance, à son insolence, à sa vanité et se remit furieusement au travail.

Je n’étais cependant pas au bout de mes peines. Nous avions décidé que les essais du second ballon auraient lieu dans un pays voisin des régions arctiques, afin que les conditions climatériques durant les expériences et durant le voyage fussent les mêmes à peu de choses près. Nous choisîmes Kabarova, village samoyède situé au sud du détroit de Yougor, aux portes de la mer de Kara : c’était dans ce village même que, douze ans plus tôt, Nansen, avant de s’enfoncer au cœur des solitudes polaires, avait pris une dernière fois contact avec l’humanité.

Dès le début du mois de juillet, la mise au point du second ballon fut achevée. Toutes nos dispositions étaient prises, nos dix ouvriers et notre interprète attendaient nos ordres, les appareils à hydrogène, les obus de gaz comprimé et les caisses d’approvisionnements étaient amoncelées à la consigne de la gare du Nord, il ne nous restait plus qu’à démonter et à emballer le ballon, lorsque Ceintras, un beau matin, vint m’annoncer froidement qu’il aimait une jeune fille et que son intention bien arrêtée était de se marier sur le champ !