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le peuple du pôle

nous étions délimité, à l’aide de trois clochers comme points de repaire, un circuit aérien de 50 kilomètres environ. Ce circuit fut parcouru dix-huit fois de suite à une moyenne de 30 kilomètres à l’heure ; après quoi, notre provision de lest étant épuisée, le ballon, d’ailleurs alourdi par l’humidité de la nuit prochaine, se rapprocha peu à peu de la terre ; nous parvînmes à nous maintenir quelque temps encore à une altitude suffisante en jetant plusieurs bidons d’essence et divers objets qui représentaient le poids des accessoires indispensables, — des appareils d’observation, des vêtements, des aliments, — mais cela n’était évidemment pas une solution satisfaisante et nous nous résignâmes à atterrir.

Il m’était facile, après cet insuccès, de prendre ma revanche et de représenter triomphalement à Ceintras combien il eût été ennuyeux pour lui de mettre trop tôt le public au courant… Son attitude ne me le permit pas. Ce n’était pas, au fond, un mauvais diable. Il me demanda pardon, versa toutes les larmes de son corps et parla de mourir. Oui, il ne voulait pas survivre à son déshonneur, il n’avait pas été digne de ma confiance et, ce qui me restait de mieux à faire, c’était de m’adresser à un autre. Je le gourmandai vivement, lui rendis courage et, en somme, cet