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le peuple du pôle

les conditions que la raison ou la fantaisie auraient pu me pousser à lui dicter ; la reconnaissance gonflait son cœur dans la même mesure que les billets de banque gonflaient ses poches. Mais il ne tarda pas à se repentir de sa promesse et à faire des pieds et des mains pour en être délié. Quoi qu’il en eût dit le jour de notre rencontre, sa passion pour les découvertes scientifiques n’était pas inspirée par le seul souci des intérêts de l’humanité ; le désir de la gloire s’y mêlait pour une bonne part. Ceintras rêvait de reporters assiégeant sa porte, de son nom s’étalant en grosses lettres à la première page des journaux, de sa photographie reproduite par tous les magazines. Il finit par m’avouer naïvement cette ambition, et lorsqu’il comprit que j’étais bien décidé à ne pas lui permettre de la satisfaire, son désir se transforma en une hantise probablement aussi douloureuse que la mienne l’avait été. Il ne dormait plus, ne mangeait plus ; il parut même pendant quelque temps se désintéresser de ses travaux. Parfois, quand j’entrais à l’improviste dans son cabinet, je le voyais dissimuler certains papiers à la hâte ; par la suite j’en retrouvai plusieurs dans la corbeille : le malheureux, ne pouvant voir des articles élogieux imprimés sur son compte, en rédigeait lui-même