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le peuple du pôle

mies sans éprouver de fatigue, la bouche et le cœur pleins de projets : dès le lendemain, nous devions nous mettre au travail !… Et nous parlions, et nous poursuivions au hasard notre marche hallucinée. Aux premières lueurs de l’aube, nous nous trouvâmes au sommet de Montmartre ; nous sortîmes de la nuit comme du plus beau des songes, d’un songe dont la réalité allait être le prolongement…

Accoudés à la balustrade, devant le Sacré-Cœur, nous regardions les clochers, les dômes et les toits surgir de l’ombre peu à peu ; les derniers becs de gaz s’éteignaient, mais déjà leurs vacillantes clartés étaient remplacées par les reflets éclatants que les rayons du soleil allumaient çà et là sur les vitres ; enfin, la ville apparut toute entière, tandis que les dernières ombres s’évanouissaient en vapeurs roses et dorées, elle apparut, merveilleusement belle, aussi nouvelle à mes yeux que si quelque magicien l’avait de fond en comble rebâtie dans la nuit… Et ainsi, pour la première fois depuis des ans et des ans, ce fut d’un cœur radieux que je vis se lever l’aurore.