Page:Charles Derennes Le peuple du pôle 1907.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée
30
le peuple du pôle

ture et de leur propre nature, des époques pour ainsi dire prédestinées ; plusieurs inventeurs, sans se connaître, aux divers coins d’un pays ou du monde, travaillent au même moment, dans le même but, en silence, comme si un mystérieux mot d’ordre avait été donné ; et, sur le nombre des chercheurs, il en est toujours au moins un assez favorisé pour pouvoir atteindre le but que tous se proposent. Les résultats auxquels les Santos-Dumont et les Juchmès sont arrivés devraient suffire à me consoler de n’avoir pas étudié et résolu personnellement la question… Mais il est dit que l’on ne peut être jamais satisfait ! À présent qu’il existe des ballons dirigeables, que les hommes savent naviguer à leur gré dans les airs, accrochés à de frêles bulles de gaz, j’ai entrevu une application possible de cette découverte et, jusqu’à ce qu’un autre la pressente et la réalise à défaut de moi, ce sera un nouveau regret, un nouveau tourment dans ma vie…

— De quoi s’agit-il ? demandai-je.

— D’atteindre l’un des Pôles en ballon dirigeable, répondit-il. Oui, c’est une entreprise que l’on pouvait considérer justement comme téméraire et chimérique du temps d’Andrée, lorsque les nefs aériennes étaient les esclaves du vent ! mais je suis persuadé que dès à présent celui qui