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le peuple du pôle

personnelle, d’accepter une place d’ingénieur, dans une aciérie des Vosges ; sa situation était bonne, son avenir assuré ; pourtant, il n’était pas heureux, il avait de tout temps rêvé autre chose…

Je le regardais et, pendant qu’il répétait mélancoliquement : « J’avais de tout temps rêvé autre chose… » je me sentais entraîné vers lui par une brusque sympathie : lui aussi était un rêveur qui poursuivait vainement la réalisation de son rêve !

— Oui, continuait-il, il est une question qui m’a toujours préoccupé : celle de la conquête de l’air… Dès le lycée, j’esquissais sur mes cahiers des plans d’aéroplanes et de ballons dirigeables. J’espérais alors ne vivre plus tard que pour mener mes recherches à bonne fin. Et, tu vois, j’ai accepté provisoirementune existence qui m’accapare, qui ne me laisse pas une minute de liberté, et les jours succèdent aux jours, rien de nouveau n’arrive et, déjà, plein d’angoisse, je sens venir l’heure de la résignation, du renoncement définitif à des projets trop nobles et trop beaux !

Il se recueillit un moment, puis, plus calme :

— D’ailleurs je me plains peut-être à tort ; il y a pour les inventions qui marquent un nouveau triomphe des hommes sur les lois de la Na-