se croire héroïques, et restant là seulement pour se conformer aux injonctions d’un obscur et séculaire devoir.
Je rallumai ma lanterne, j’avançai encore et je débouchai dans une grande salle. C’était celle même où avaient siégé le vieux monstre et son compagnon, et je reconnus confusément la tourelle, les machines et la grande bielle éblouissante à présent immobile. Une balle siffla à mes oreilles : je venais de rejoindre Ceintras. En même temps, ma lanterne épuisée s’éteignait… Attendant une occasion de tuer la brute à coup sûr, j’allai me blottir dans un coin.
Je n’avais plus autour de moi que l’ombre, l’ombre pleine d’une fade et écœurante odeur de sang, l’ombre hantée de meurtre et d’épouvante. J’aurais souhaité que tous mes sens fussent anéantis et j’avais de mes deux mains couvert mes yeux et mes narines. Puis à un grouillement, à des chuchotements éperdus, je compris soudain que les monstres revenaient en nombre. Que se passait-il ? Si étrange que cela puisse paraître, je ne crois pas qu’ils aient eu à aucun moment le dessein de résister à Ceintras, sans doute parce qu’ils se sentaient absolument sans défense contre l’objet meurtrier que celui-ci tenait à la main ; sans doute même ne concevaient-ils pas très clai-