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le peuple du pôle

tout était produit mécaniquement, même les conditions premières de la vie, le prestige de celui d’entre eux qui surveillait le fonctionnement de la machine cardinale ! Apparemment, il était pour eux un roi, peut-être même un dieu… Telles furent les pensées qui me vinrent tout d’abord à l’esprit. Des constatations ultérieures devaient les modifier singulièrement, ou tout au moins me prouver que, pour prononcer ou écrire à propos de créatures si éloignées de nous des mots comme respect, prestige, royauté, divinité, il fallait être influencé par un présomptueux anthropomorphisme. Il est probable (et je me contente de dire : il est probable) que leurs notions intellectuelles ne doivent pas essentiellement différer des nôtres, que les théorèmes géométriques sont vrais pour eux comme pour nous, mais ce qui est sûr c’est que leur morale et leur moralité ne rappellent en rien les confuses collections d’habitudes héréditaires auxquelles ces termes servent d’étiquettes dans les langages humains.

Ce monde étant clos comme une prison, le nombre de ses habitants doit être rigoureusement limité dans l’intérêt même de la conservation de l’espèce, et nul ne peut y vivre sans avoir une raison expresse de vivre, sans accomplir une tache précise et inévitable. L’humanité est trop vaste et