tout de même se garder d’une certaine irritation à mon endroit. Pour y parer, je continuai à me justifier de mon mieux :
— Tu vois, à présent que tu es… que tu es guéri, je me hâte de mettre un terme à cette cachotterie nécessaire.
— Parfaitement ! je ne t’en veux pas. Pour quoi t’en voudrai-je ?… C’est égal, tu fais tes coups en dessous, tu sais dissimuler ! Mes compliments. Ah ! ah !…
Il riait ; mais ce rire sonnait un peu faux.
— Je suis guéri, reprit-il, et je constate avec plaisir qu’il te tardait de le reconnaître. Seulement, je t’en prie, évite bien de me faire sentir, en prêtant à mes paroles et à mes gestes une attention spéciale, que tu crains encore une rechute… Ceci, je ne te le pardonnerais pas.
— Mais qu’est-ce qui te fait croire ?…
— Tu tiens à me faire parler au delà de mon intention ? Qu’à cela ne tienne ! Eh bien, si par hasard tu l’ignores, la maladie que j’ai eu s’appelle folie, et chacun sait que quelqu’un qui a été fou peut le redevenir un jour ou l’autre… Je ne veux pas que tu m’y fasses penser à chaque instant. J’ai été fou, je ne suis plus fou ; oublie que je l’ai été.
Il répéta plusieurs fois encore d’un air de