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le peuple du pôle

furent l’incrédulité, puis la stupéfaction, puis la persuasion que ce que je venais de lire était possible, puis la certitude qu’il n’existait pas de raison d’en douter.

Il est un axiome qu’il faut énoncer avant d’aller plus loin puisqu’il marque dans mon esprit le point de départ de la dialectique à laquelle il conviendrait qu’on se conformât : c’est que nous prononçons avec quelque mépris les mots d’extraordinaire et d’inadmissible à propos de réalités que les progrès de l’intelligence et de ses moyens d’investigation nous permettront demain peut-être d’observer expérimentalement. Il est sûr qu’à chaque instant tous les savants et même tous les hommes frôlent dans l’ombre de leur fatale insuffisance une des innombrables vérités qui semblent chercher consciemment à les fuir ; pour se rendre maîtres de l’une d’elles, il leur eût suffi sans doute, bien souvent, d’un rien. L’humanité s’avance, mais s’avance au hasard, et les horizons les plus imprévus, brusquement, se dévoilent ; des hypothèses qu’on osait à peine échafauder dans le secret du rêve se transforment soudain en faits objectivement incontestables. Ce serait peut-être assez, par exemple, d’un infime accroissement de nos moyens d’observation télescopique ou microscopique pour