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le peuple du pôle

lement ils manquent totalement de sens artistique… Eux non plus ne savent pas ombrer !… Et c’est désagréable, même fatigant, très fatigant…

— Est-ce que tu souffres ? lui demandai-je, inquiet de son air de lassitude.

— Non, fit-il ; seulement, je te l’ai déjà dit, cette lumière me gêne pour penser ; il me semble qu’elle pénètre en moi, qu’elle désagrège et éparpille toutes mes idées ; je suis obligé de faire effort pour les tenir réunies. Et pourtant je voudrais pouvoir penser, j’ai besoin de penser pour essayer de découvrir ce qu’ils sont.

Il s’animait, et bientôt sa volubilité devint telle qu’il me fut impossible de placer un mot.

— Oui, qu’est-ce qu’ils sont ? Où peuvent-ils bien se cacher ? Pas une maison, pas un édifice… Et pourtant ils existent indubitablement : ces disques de métal, l’entravement mystérieux de notre ballon… Dis donc, peut-être qu’ils sont invisibles ?…

Je haussai les épaules. Il se leva, fit quelques pas le long du fleuve, et, soudain, poussa un cri :

— Viens voir : une porte !…

J’accourus. Ceintras me désigna du doigt une plaque de métal enchâssée dans un enfoncement de la falaise rocheuse. Stupéfait, je frappai