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le peuple du pôle

sûr de m’être débattu quelques instants auparavant dans un cauchemar qui ressemblait au sien… Seulement les pieuvres y avaient été remplacées par des chauves-souris ou des vampires. La coïncidence était tout au moins étrange et si de part et d’autre les rêves n’avaient reposé sur rien de réel, il fallait conclure à un cas de télépathie. Mais une conclusion plus logique et plus effrayante s’imposait, à savoir que des êtres vivants, hôtes de ces régions, des êtres d’une intelligence et d’une puissance qui dès cet instant m’apparaissaient prodigieuses, nous avaient attirés jusqu’à eux en utilisant par des procédés qui m’échappaient une énorme force magnétique ; puis, désireux de nous observer, ils s’étaient approchés de nous durant notre sommeil : un sommeil qu’ils avaient peut-être provoqué artificiellement.

Allais-je faire part à Ceintras du point où venaient d’aboutir mes inductions ?… J’eus pitié de lui. Il s’était laissé tomber sur un rocher et ses yeux vacillants et vagues se fixaient, en deçà ou au delà des objets qu’ils regardaient ; son attitude trahissait un accablement infini ; j’avais l’impression très nette d’assister à une effrayante agonie morale, et je tentai de faire appel à son initiative dans l’espoir de le remonter, de le remettre en possession de lui-même :