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d’abord à une aurore boréale ; mais, c’était moins une lueur magnétique et diffuse que le reflet d’une gigantesque flamme cachée qui eût vacillé par instant. Ce qui me surprit, ce fut surtout la coloration violette de cette source lumineuse ; le paysage qu’elle éclairait n’avait véritablement plus rien de terrestre. Cependant, le rideau de brumes se déchirait à l’horizon, et l’immobile soleil du pôle apparaissait, énorme et terne. Mais il était au milieu de cette clarté comme un ver-luisant sous l’éclat d’une lampe à arc ; ce n’était pas de lui que venait la lumière du jour étrange qui succédait à la pénombre où nous avions navigué jusque-là. Nous ouvrîmes les hublots pour mieux nous rendre compte… et nous nous regardâmes avec une stupéfaction émerveillée : l’affreux froid cinglant n’existait plus et la température était presque douce.