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Et ils s’en retournaient au manoir de Dirk, pour là faire ripaille et grande chère. Cheminant ils battaient paysans, prenaient filles et femmes pour un petit qu’elles fussent avenantes, et en faisaient à leur plaisir. Ainsi vivaient ils combattant, pillant, robbant le bien de celui qui ne le pouvait défendre ; au demourant sans souci aucun ne de Dieu, ne du diable.

Dirk le Corbeau devint de sa force bien glorieux, et aussi pour ce que, à cause de ses victoires, Monseigneur le comte lui bailla, pour la tenir en franc-alleu, la terre d’Halewyn.

Et il se fit pourtraiter bel écu, lequel figurait grand corbeau de sable sus fond d’or, avec cette devise : Au corbeau les miettes.

III.

Ains à cettuy fort corbeau ne naquirent les petits pareils.

Car ils furent, par cas rare, gens de plume et d’écritoire, n’ayant oncques souvenance du bel art de guerre et dédaignant armes.