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poissons, sauf une, bien gente, bien frisque et bien mignonne, ayant nom Wantje, laquelle dit avec grande modestie et rougeur qu’il n’était point utile battre ainsi ces bons hommes, mais qu’il fallait les amener à bien par douceur et par ris.

Ce à quoi répondit la dame Syske : « Petite, tu ne t’entends point ès hommes, car tu es pucelle, je crois. Quant à moi, je sais bien comme j’ai mené mes divers maris, et ce n’était par douceur ni par ris, je l’affye. Ils sont tréspassés, les braves hommes, que Dieu ait leurs âmes, mais je me souviens d’eux clairement et sais bien qu’à la moindre faute je leur faisais danser la danse des bâtons sus le pré d’obéissance. Nul n’eût osé mangé ne boire, éternuer ne baîler que je ne lui eusse davant octroyé bonne permission. Le petit Job Syske, mon dernier, était coquassier en ma place au logis. Il me fit bonne cuisine, le pauvre bonhommet. Mais je le dus bien battre pour l’amener à ce, et ainsi des autres. Doncques, petite, quittons tous ces ris et douceurs, ils valent peu, je l’affye. Mais plutôt allons incontinent cueillir bons bâtons de bois vert, commodes à trouver, puisque sommes en printemps, et nous déportant en la Trompe, faisons y pleuvoir bonne rosée de coups sus ces infidèles maris. »

Voici vieilles et laides de uller et tempêter de re-