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tant, il lui fit signe vitement qu’il n’eût point de peur et le mena au jardin, où les suivit la femme. Là, il prit une bêche, bailla à Smetse sa lanterne à tenir, bêcha la terre promptement, creusa grand trou, tira du trou sac de cuir, ouvrit vitement, souriant le montra à Smetse, plein d’or monnayé ; la femme cria voyant l’or, il lui bailla horrifique soufflet, sourit derechef, salua, tourna sus ses talons et s’en fut avec sa lanterne.

La femme, jetée à terre par la force du soufflet et tout ahurie, n’osait crier davantage et gémissait bassement : « Smetse, Smetse, » disait-elle, « où es-tu, mon homme ? J’ai grand mal à la joue. »

Smetse vint à elle, et la ramassant : « Femme, » dit-il, « que ce soufflet te soit leçon de ménager ta langue, d’ores en avant ; tu as lassé de tes cris tous les bons hommes venus céans cette nuit pour me faire du bien : cettuy-ci fut moins que les autres patient et te punit, non sans raison. »

— « Ha, » dit-elle, « j’ai mal fait de ne t’obéir point : que me faut-il faire présentement, mon homme ? »

— « M’aider, » dit Smetse, « à porter le sac au logis. »

— « Je le veux. » dit-elle.

Ayant porté le sac, non sans peine, ils le vidèrent à deux en un coffre.